Malheureusement et à notre plus grand désespoir (rien que cela), notre séjour estival au refuge pour ours de Kuterevo est terminé. Toutefois, afin d’adoucir le trajet du retour, décision est prise de faire un petit détour pour découvrir un lieu dont nous avons entendu parler il y a des années, sans jamais prendre le temps de nous y rendre : le “Parc alternatif des loups et des ours de la Forêt-Noire”, en Allemagne.
Un parc au cœur de la Forêt-Noire
Situé en plein coeur de la forêt, sur la commune de Bad Rippoldsau-Schapbach, ce parc est le second ouvert par la “Fondation pour les ours”, en 2010 (après celui de Thuringe créé en 1996). Il accueille actuellement 9 ours, 5 loups, 3 lynx qui viennent de toute l’europe (si des populations sauvages de loups et de lynx sont encore présentes en Allemagne, ce n’est plus le cas pour l’ours depuis bien longtemps !).
Ces animaux sont principalement issus de captivités illégales ou d’anciens zoos et ont été secourus après parfois de très nombreuses années de vie dans des conditions misérables. Quelques animaux sauvages ont également rejoint le parc après avoir été victimes d’imprégnation aux humains. La proportion est donc inversée par rapport au refuge de Kuterevo, où les ours présents sont avant tout des ours sauvages croates trop habitués au contact avec l’homme.
Un lieu respectueux et engagé
Nous passons une agréable et instructive journée au parc. Après la chaleur de la Croatie, la promenade dans la fraicheur de la majestueuse Forêt-Noire est particulièrement plaisante. Nous apprécions beaucoup de voir la qualité des espaces de vie des animaux, dans de spacieux enclos forestiers.
Le choix de créer des espaces de vie communs entre les ours, les loups et les lynx y est très intéressant et motivé par l’idée de recréer des dynamiques existantes dans la nature, bénéfiques à la santé mentale des locataires du parc. L’ensemble fonctionne avec un ingénieux système de connexions entre les enclos, qui permet aux animaux d’interagir dans certaines zones mais également de se réfugier dans des espaces de repli adaptés à chacun.
Biologie de l’ours, du loup et du lynx, régimes alimentaires, comportements stéréotypiques, histoires individuelles de chacun des animaux… L’éducation des visiteurs n’est pas négligée. Mention spéciale pour le panneau sur les “ours à problèmes” qui invite à prendre du recul sur la situation actuelle, avec une question qui mérite d’être posée : ne devrait-on pas plutôt dire “humains à problèmes” ?
Coup de cœur également pour la petite cafétéria, qui, à l’instar du régime alimentaire des ours, propose des menus très variés, allant du repas omnivore au véganisme. Tous sauront régaler petits et grands, en plus de fournir un moment de détente agréable aux visiteurs dans un espace convivial.
Seul bémol à cette visite : nous regrettons l’absence d’explications à l’arrivée par des membres du parc et de panneaux informatifs en anglais. Cependant, technologie et restes d’allemand scolaire aidant, les panneaux dans la langue de Goethe sont très complets et très pédagogiques.
On y apprend notamment la volonté du parc de créer de nouveaux espaces pour les animaux les plus traumatisés, afin de les garder loin des visiteurs et leur garantir la meilleure qualité de vie possible. Évidemment, on ne peut être qu’admiratif de cet engagement de la fondation, qui décide de prioriser ses animaux face aux touristes dont elle dépend pourtant financièrement !
Même si l’histoire du parc, ses moyens et son fonctionnement sont très éloignés de ceux du refuge de Kuterevo, nous retrouvons avec plaisir des valeurs similaires : promotion de la coexistence avec les grands carnivores, proposition d’un espace d’éducation et d’échange, lieu d’expérimentations d’alternatives… Et la présence d’animaux en captivité n’est absolument pas une fin en soi : le cœur de la philosophie de ces lieux reste bien que “seule une vie en liberté est adaptée aux espèces sauvages”.
Site officiel : https://www.baer.de/